lundi 31 août 2009

voyage en terre "ceinte"

Voyage en terre ceinte


Un homme un jour fit un voyage
Qui l’amena dans une cage
Où croassaient deux corbeaux noirs,
Sans un répit, sans un espoir.

Bien que la cage fut dorée,
Bien que radieuse, ensoleillée,
Il n’en fut pas ébloui tant
Leurs cris étaient assourdissants.

Quand il se déplace on le tâte
Pour vérifier ses blanches pattes,
Puisque l’exode est illusoire
Pour ceux qui ont les pattes noires.

Il songeait à sa femme enceinte
En foulant cette terre ceinte
De fils de fer, de barbelés,
De murs en pierre honteux dressés
Qui séparaient les deux corbeaux,
Qui séparaient les laids des beaux.

Si par malheur son nouveau-né,
Sur cette terre écartelée,
Voyait le jour sous cette nuit,
Voyait le jour en étant pris
Entre le marteau et l’enclume
Tiendrait-il l’épée ou la plume ?

Torturé par mille questions
Il faillit perdre la raison
Et ne retint de ce voyage
Que la révélation du sage

Observe mais jamais
Aux folies ne prend part
Sur le livre du Vrai
Ne s’inscrit pas l’Histoire.

illustration du voyage en terre ceinte




mardi 4 août 2009

Parfois toujours

Parfois toujours

Parfois j’dis vrai, on croit qu’je mens
Parfois je crois c’que m’disent les gens
Parfois j’me fous de la misèr’ du monde
Parfois j’déprim’ la prochaine seconde

Parfois je suis un hypocrite
Parfois les non-dits, parfois la fuite
Parfois j’me soucis du r’gard des autres
Parfois ça n’me fait pas bouger l’autre

Parfois je crains quand vient la nuit
Que la détress’ l’emporte ou mêm’ l’ennui
Parfois je n’comprends pas pourquoi j’ai peur
Parfois j’ai peur de n’pas comprendre
Pourquoi la vie sèm’ le malheur
Pourquoi l’malheur nous fait apprendre

Parfois je dors, parfois je veille
Parfois j’ m’endors quand tu t’réveilles
Parfois je rêve au lieu d’agir
Parfois j’en crèv’ de tant souffrir
Parfois je pens’, parfois je suis
Le fil des jours puis je l’oublie

Parfois j’aim’, parfois j’abhorre
Parfois je saign’ quand on me mord
Parfois je crois à un destin
Quand ça m’arrang’ d’être un pantin

Parfois j’y crois mêm’ quand j’ai tort
Parfois j’suis sûr d’avoir raison
Parfois je me trouv’ tell’ment fort
Parfois je me trouv’ tell’ment con

Parfois chasseur mais parfois lièvre
Parfois je trembl’ quand j’ai la fièvre
Parfois j’suis chaud quand j’attrap’ froid
Parfois j’suis seul quand tous sont là

Parfois la joie, parfois la peine,
Parfois Van Gogh, parfois Descartes
Parfois j’me d’mand’ comment tu m’aimes
Quand tout’s les nuits je joue aux cartes

Parfois je grimpe en haut des cimes
Parfois je chute dans l’abîme
Parfois je trouv’ ça dérisoire
Parfois ça m’redonne l’espoir

Parfois tu m’traites d’égoïste
Parfois tu m’dis que tu es triste
Parfois j’essaie de t’consoler
Parfois dans l’eau un coup d’épée

Parfois j’m’éveille, je suis heureux
Parfois j’t’embrass’ sur les deux yeux
Au p’tit matin ton corps est frais
Ta peau est douce, épanouie
Parfois j’me d’mand’ comment tu fais
Pour êtr’ si belle après la nuit

Parfois au four et au moulin
Parfois un’ bonn’ bouteill’ de vin
Parfois la chanc’ m’a bien souri
Parfois j’souris d’avoir la chance
De trouver dans ce monde immense
Un petit coin de paradis

Parfois je tiens et tu l’auras
Parfois j’t’aime jusqu’au bout des doigts
Quand tes frissons me vont au cœur
Parfois tu sonn’s ma dernière heure

Toujours on se nourrit d’amour,
Ne dis : « jamais », parfois : « toujours »